Publié le 26 novembre 2024

Affronter l’hiver québécois en VÉ sans angoisse ne tient pas à la chance, mais à une stratégie en trois axes : maîtriser la physique de votre batterie, optimiser votre infrastructure domestique et déjouer les pièges financiers.

  • La perte d’autonomie de 40% n’est pas une fatalité si vous comprenez et appliquez les techniques de préconditionnement et de gestion thermique.
  • Vos économies réelles dépendent moins du prix de l’électricité que de l’installation adéquate d’une borne niveau 2 et de la capacité de votre panneau électrique.

Recommandation : Avant même de choisir un modèle de VÉ, auditez votre panneau électrique et magasinez votre assurance ; ces deux points auront plus d’impact sur votre expérience hivernale que la marque de votre voiture.

Laissez-moi vous raconter une histoire. C’était il y a une dizaine d’années, une matinée de janvier à -32°C en Mauricie. Mes voisins faisaient tourner leurs moteurs à essence, crachant une fumée blanche dans l’air glacial. Moi, j’ai débranché ma voiture électrique, je suis entré, et dans un silence presque total, elle a démarré. Pas de toux, pas de râle. Juste un « clic » et la chaleur qui monte. C’est ça, la promesse du VÉ en hiver. Mais cette promesse, elle ne se réalise pas par magie. Dix ans plus tard, en tant que pionnier, je peux vous le dire sans filtre : la survie et même le plaisir de conduire un VÉ l’hiver au Québec, surtout en région, n’a rien à voir avec les conseils de base qu’on lit partout.

On vous a sûrement déjà dit de préchauffer votre habitacle, d’utiliser les sièges chauffants ou de vérifier la pression de vos pneus. C’est bien, c’est le B.A.-ba. Mais la vérité, c’est que ces astuces ne vous sauveront pas quand vous serez sur une route de campagne, que l’autonomie affichée fond plus vite que la neige au soleil et que la prochaine borne rapide est peut-être hors service. L’enjeu n’est pas de grappiller quelques kilomètres. Il est de comprendre la physique de votre batterie, de considérer votre maison comme votre station-service principale, et d’anticiper les coûts cachés qui peuvent transformer le rêve en casse-tête financier.

Cet article n’est pas un autre guide générique. C’est une feuille de route stratégique, basée sur une décennie d’expérience sur le terrain. Nous allons décortiquer l’impact réel du froid sur l’autonomie et comment le contrer efficacement. Nous verrons comment transformer votre domicile en forteresse de recharge, sans faire exploser votre budget ou votre panneau électrique. Nous analyserons les coûts réels, au-delà du prix à la pompe, et nous aborderons les sujets que personne n’aime mentionner : l’état de santé de la batterie d’occasion, la fiabilité des réseaux en région éloignée, et pourquoi votre facture d’assurance risque de vous surprendre. Oubliez la peur, place à la préparation.

Pour vous guider à travers ces étapes cruciales, cet article est structuré pour répondre à chaque question que vous vous posez, des plus techniques aux plus financières. Le sommaire ci-dessous vous permettra de naviguer directement vers les sections qui vous préoccupent le plus.

Pourquoi votre autonomie fond de 40% à -20°C et comment la préserver ?

La première chose à accepter, c’est que la baisse d’autonomie n’est pas un défaut de votre voiture, c’est de la physique pure. Imaginez votre batterie lithium-ion comme une éponge. À température normale, les ions (l’eau) circulent librement. Quand le mercure chute, le liquide électrolyte à l’intérieur s’épaissit, comme du miel qu’on met au frigo. Le mouvement des ions ralentit, et votre « éponge » devient plus difficile à presser et à remplir. Résultat : une réaction chimique plus lente qui limite la puissance disponible et l’autonomie. Ajoutez à cela la consommation d’énergie colossale du système de chauffage de l’habitacle et de la batterie elle-même, et vous comprenez pourquoi l’indicateur d’autonomie au tableau de bord devient votre pire ennemi.

Mais cette perte n’est pas uniforme. Elle dépend drastiquement de la technologie de votre véhicule. Un test récent mené au Québec par temps froid illustre parfaitement ce point. Il ne suffit pas de dire « l’autonomie baisse », il faut savoir de combien et sur quel modèle. C’est ce qui différencie une simple inquiétude d’une planification éclairée.

Étude de Cas : Test comparatif des 5 VÉ populaires au Québec par temps froid

Lors d’un test réalisé par -15°C, les performances ont varié de manière spectaculaire. Le Chevrolet Silverado EV et la Tesla Model 3 n’ont affiché qu’une perte d’autonomie limitée à 14%. À l’autre bout du spectre, un modèle comme la Volvo XC40 Recharge a vu son autonomie chuter de 39%, ne parcourant que 248 km. Cette différence de 25% s’explique principalement par la présence et l’efficacité de systèmes de gestion thermique active et de pompes à chaleur, qui sont des options non-négociables pour un hiver québécois.

Alors, comment préserver cette précieuse autonomie ? La clé est le préconditionnement systématique. Branché à votre borne, activez le chauffage de l’habitacle et de la batterie 30 à 60 minutes avant de partir. Vous utiliserez ainsi l’énergie du réseau, et non celle de votre batterie, pour amener le système à sa température de fonctionnement optimale. Une fois sur la route, privilégiez les sièges et le volant chauffants, bien moins énergivores que le chauffage par ventilation. Votre autonomie réelle dépend moins de votre style de conduite que de ces habitudes à prendre.

Vue macro d'une batterie de véhicule électrique avec cristaux de givre illustrant l'effet du froid

Cette image illustre bien le stress que le gel impose aux cellules de la batterie. Comprendre ce phénomène est la première étape pour le maîtriser. Pensez-y : chaque fois que vous préconditionnez votre véhicule, vous offrez à votre batterie une « couverture chaude » avant de lui demander de courir un marathon dans le froid.

Comment choisir et installer une borne niveau 2 sans faire sauter son panneau électrique ?

Oubliez les bornes publiques pour un instant. Votre véritable alliée pour l’hiver, c’est la borne de recharge de niveau 2 installée chez vous. C’est elle qui vous garantit de partir chaque matin avec une batterie pleine et préconditionnée. Mais l’erreur classique est de se focaliser sur le prix de la borne elle-même, en oubliant le véritable goulot d’étranglement : votre panneau électrique. En région, où les maisons sont souvent plus anciennes et le chauffage entièrement électrique, cette vérification est critique.

Une borne de niveau 2 standard requiert un disjoncteur de 40 ampères pour délivrer 32 ampères (7,7 kW) de puissance. Si votre panneau est un modèle de 100 ampères, déjà sollicité par le chauffage, la sécheuse et la cuisinière, ajouter cette charge peut être impossible sans une mise à niveau coûteuse. Avant même de contacter un maître électricien, vous pouvez faire une première évaluation vous-même pour éviter les mauvaises surprises.

Voici les points à vérifier pour évaluer la capacité de votre installation électrique. C’est une démarche simple qui vous donnera une bonne idée de la faisabilité de votre projet avant d’engager des frais.

  • Vérifiez l’ampérage total de votre panneau : L’information est généralement inscrite sur le disjoncteur principal. Au Québec, les standards sont 100, 150 ou 200 ampères. Un panneau de 100 A est souvent un signal d’alarme.
  • Calculez la charge actuelle : Faites la somme de tous les disjoncteurs déjà en place. Même si vous ne les utilisez pas tous en même temps, le code électrique impose des limites.
  • Prévoyez la charge de la borne : Une borne de 7,7 kW nécessite un circuit dédié de 40 ampères. C’est l’équivalent d’une cuisinière électrique fonctionnant à plein régime.
  • Considérez les charges hivernales : Votre calcul doit impérativement inclure le pire scénario : une soirée de janvier où le chauffage, la thermopompe, le chauffe-eau et la sécheuse fonctionnent en même temps que la recharge de la voiture.
  • Explorez les solutions intelligentes : Si la capacité est insuffisante, ne baissez pas les bras. Des bornes avec partage de charge ou des gestionnaires de charge permettent de moduler la puissance allouée au véhicule en fonction de la consommation de la maison, évitant ainsi la surcharge.

Cette analyse préliminaire est fondamentale. Elle déterminera si votre projet d’installation est une formalité de 1500$ (après subventions) ou un chantier de 5000$ nécessitant le remplacement complet de votre entrée électrique. Ne sous-estimez jamais cette étape ; c’est le fondement de votre tranquillité d’esprit hivernale.

Recharge à la maison ou essence : combien économisez-vous vraiment après 5 ans ?

L’argument massue en faveur du VÉ, c’est l’économie sur le carburant. Et c’est vrai. Avec le tarif Flex D d’Hydro-Québec, recharger votre voiture la nuit vous coûte une fraction du prix d’un plein d’essence. Mais pour avoir un portrait juste, surtout dans un contexte hivernal, il faut regarder le coût total de possession. Cela inclut l’installation de la borne, l’entretien (quasi inexistant sur un VÉ, mais pas nul) et le surcoût de consommation électrique lié au froid.

Beaucoup craignent que l’ajout d’un ou deux millions de véhicules électriques ne fasse s’écrouler le réseau d’Hydro-Québec. C’est une crainte infondée. En réalité, selon Hydro-Québec, un million de véhicules électriques ne représenteraient qu’une hausse de 2% de la consommation totale de la province, une charge facilement absorbable, surtout avec les recharges nocturnes. Le vrai enjeu n’est pas le réseau provincial, mais votre budget personnel.

Pour y voir clair, comparons sur cinq ans les coûts d’une voiture électrique populaire et de son équivalent à essence, en tenant compte des réalités québécoises. Le tableau suivant se base sur une utilisation de 20 000 km par an et intègre tous les coûts pertinents.

Comparaison des coûts sur 5 ans : VÉ vs Essence au Québec
Critère VÉ (Ex: Tesla Model 3) Essence (Ex: Honda Accord)
Coût d’énergie/carburant (20 000 km/an) ~400 $/an (Tarif Flex D) ~2400 $/an
Entretien sur 5 ans ~1 500 $ (pneus, freins, filtres) ~4 000 $ (vidanges, courroies, etc.)
Surcoût énergétique hivernal (30%) +120 $/an Négligeable
Installation borne niveau 2 1 500 $ (coût unique après subvention) N/A
Économie totale du VÉ sur 5 ans +11 500 $ Référence

Comme le montre cette analyse comparative basée sur les coûts québécois, même en comptant l’installation de la borne et le surcoût hivernal, l’avantage financier du véhicule électrique est écrasant à moyen terme. Sur cinq ans, vous économisez plus de 11 000 $. C’est cet argent qui rembourse le surcoût à l’achat du véhicule. La clé est de penser sur la durée de vie du véhicule, pas seulement sur le prochain plein.

L’erreur de ne pas vérifier l’état de santé de la batterie (SOH) avant d’acheter

Si vous lorgnez un VÉ d’occasion pour votre premier hiver, il y a un acronyme que vous devez connaître par cœur : SOH, ou « State of Health ». C’est le bulletin de santé de votre batterie. Alors que le « State of Charge » (SOC) vous dit à quel point la batterie est pleine, le SOH vous indique sa capacité maximale restante par rapport à son état neuf. Une batterie neuve a un SOH de 100%. Avec le temps et les cycles de charge, cette capacité diminue. C’est une dégradation normale, mais le rude climat québécois peut l’accélérer si le véhicule n’est pas bien géré.

Acheter un VÉ d’occasion sans connaître son SOH, c’est comme acheter une maison sans faire d’inspection. Vous pourriez vous retrouver avec une autonomie bien inférieure à celle annoncée, et une batterie dont la dégradation s’accélérera. C’est l’erreur la plus coûteuse qu’un acheteur puisse faire, car la batterie représente près de la moitié de la valeur du véhicule. Une vérification du SOH avant l’achat n’est pas une option, c’est une condition non-négociable.

L’importance de la technologie embarquée pour protéger la batterie est fondamentale. Tous les VÉ ne sont pas égaux face au froid, et cela a un impact direct sur la longévité de leur batterie.

Impact des hivers québécois sur la dégradation des batteries

Une analyse menée par l’Association des Véhicules Électriques du Québec (AVÉQ) sur des véhicules ayant passé plusieurs hivers est sans équivoque. Il a été démontré que les modèles équipés d’une pompe à chaleur et d’un système de gestion thermique active de la batterie présentaient une dégradation 30% moins rapide sur trois ans comparativement aux modèles d’entrée de gamme qui en sont dépourvus. Cet équipement, qui semble un luxe, est en fait une assurance sur la durée de vie de votre investissement.

Un SOH de 85% à 90% après trois ou quatre hivers québécois est généralement considéré comme bon. Si le SOH est inférieur à 80%, cela doit être un levier majeur de négociation sur le prix, ou carrément un motif pour passer à un autre véhicule. Pour le mesurer, des applications comme LeafSpy (pour les Nissan Leaf) ou Car Scanner ELM OBD2, couplées à un simple lecteur OBD2, peuvent vous donner cette information cruciale en quelques minutes. Certains concessionnaires spécialisés offrent aussi ce service. Exigez-le.

Circuit électrique ou Tesla : quel réseau offre la meilleure couverture en Gaspésie ?

Pour un résident de Montréal ou de Québec, l’angoisse de la recharge est un lointain souvenir. Mais si vous habitez en Gaspésie, dans le Bas-Saint-Laurent ou en Abitibi, la donne change. La question n’est plus seulement « y a-t-il une borne ? », mais « est-elle fonctionnelle, libre, et du bon réseau ? ». Au Québec, deux grands réseaux dominent : le Circuit Électrique d’Hydro-Québec et le réseau des Superchargeurs Tesla.

Le Circuit Électrique a l’avantage d’être omniprésent, avec des bornes de niveau 2 et des bornes rapides (BRCC) dans presque toutes les municipalités. C’est le réseau de la proximité et de la capillarité. Tesla, de son côté, a misé sur des stations de Superchargeurs ultra-rapides, stratégiquement placées le long des grands axes autoroutiers. Leur fiabilité est légendaire, mais leur couverture en région est historiquement moins dense, bien que cela s’améliore rapidement.

Vue aérienne d'une route côtière enneigée de Gaspésie avec indication abstraite des points de recharge

En Gaspésie, par exemple, le Circuit Électrique offre un maillage plus serré, essentiel pour le tourisme et les déplacements locaux. Cependant, pour un long trajet comme un Montréal-Gaspé, la vitesse des Superchargeurs Tesla peut faire une grande différence. La bonne nouvelle, c’est que Tesla ouvre progressivement son réseau aux autres marques, ce qui va rebattre les cartes. Mais en attendant, la stratégie pour un résident de région n’est pas de choisir un camp, mais de maîtriser les deux écosystèmes. Cela passe par l’utilisation d’applications comme ChargeHub ou A Better Routeplanner (ABRP), qui agrègent les données de tous les réseaux.

Un road trip en VÉ en hiver en région ne s’improvise pas. L’anxiété de la « borne fantôme » – arriver devant une borne hors service en pleine tempête – est réelle. Une bonne planification est votre meilleure assurance.

Votre feuille de route pour un trajet hivernal en région

  1. Identifiez les bornes de niveau 2 dans les hôtels et auberges : Elles sont votre plan B. Une recharge nocturne lente est toujours mieux que pas de recharge du tout.
  2. Prévoyez une marge de 30% d’autonomie : Ne planifiez jamais d’arriver à une borne avec 5% de batterie. Le froid, le vent de face ou une route fermée peuvent rapidement anéantir vos calculs.
  3. Téléchargez plusieurs applications : L’application du Circuit Électrique est un must, mais complétez-la avec ChargeHub et PlugShare pour avoir les avis en temps réel des autres utilisateurs sur l’état des bornes.
  4. Consultez les communautés locales : Les groupes Facebook de propriétaires de VÉ régionaux sont une mine d’or pour connaître l’état des bornes en temps quasi réel.
  5. Gardez un plan d’urgence : Repérez les garages qui offrent des prises 240V (pour soudeuse ou sécheuse). En cas d’extrême urgence, quelques heures de charge peuvent vous sauver.

Chauffe-moteur : est-il encore nécessaire avec les voitures modernes ?

La question du chauffe-moteur est un réflexe pour quiconque a conduit une voiture à essence pendant un hiver québécois. La réponse pour un véhicule électrique est simple et directe : non, un chauffe-moteur est totalement inutile. Le moteur électrique n’a pas d’huile à réchauffer ni de pièces mobiles complexes qui craignent le gel. Il est prêt à délivrer sa pleine puissance instantanément, même à -40°C.

Comme le résume parfaitement un expert du domaine, l’architecture même d’un VÉ rend le concept obsolète.

Contrairement à une voiture à essence, le moteur d’une voiture électrique ne craint pas le froid puisqu’aucun liquide n’est en contact avec ses éléments, et il part au quart de tour!

– Martin Archambault, Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ)

Cependant, il ne faut pas confondre chauffe-moteur et chauffe-batterie. Si le premier est un vestige du passé, le second est au cœur de la performance de votre VÉ en hiver. Comme nous l’avons vu, une batterie froide est une batterie paresseuse. Le système de gestion thermique de la voiture va donc utiliser de l’énergie pour maintenir ou amener la batterie à une température optimale. C’est ce qui assure une bonne autonomie et permet la recharge rapide. La consommation de ce système est d’ailleurs étonnamment faible. En effet, le chauffe-batterie d’un VÉ consomme seulement 300 watts/heure environ, soit l’équivalent de quelques ampoules.

Donc, l’action à poser n’est pas de brancher un chauffe-moteur, mais bien de laisser votre voiture branchée à sa borne le plus souvent possible par temps très froid. Cela permet au système de gestion thermique de faire son travail sans puiser dans l’autonomie. C’est le véritable « chauffe-bloc » de l’ère électrique : garder la batterie tempérée grâce à l’énergie du réseau, et non celle stockée pour votre trajet.

Financement concessionnaire ou prêt bancaire : où trouver le taux le plus bas ?

L’achat d’un VÉ est un investissement important, et la question du financement est centrale. Avec la fin annoncée du programme Roulez vert et la diminution progressive des subventions, le contexte a radicalement changé. On a d’ailleurs assisté à une véritable ruée vers les VÉ pour profiter des derniers montants élevés.

En effet, l’annonce de la réduction des subventions a provoqué une explosion des ventes. Selon les données d’immatriculation, il y a eu une hausse de 68,5% des immatriculations de VÉ au Québec au deuxième trimestre 2024 par rapport à l’année précédente. Cette pression sur le marché influence aussi les offres de financement. La subvention de 7000$ est passée à 4000$ en 2025, puis tombera à 2000$ en 2026 avant de disparaître. Il est donc crucial de trouver le financement le plus avantageux pour compenser cette baisse.

Deux options principales s’offrent à vous : le financement offert par le concessionnaire et le prêt auto traditionnel auprès de votre institution financière. Chacune a ses avantages et ses inconvénients, surtout dans le contexte actuel des taux d’intérêt. Le tableau suivant synthétise les options courantes au Québec.

Options de financement VÉ au Québec 2025
Source de financement Taux d’intérêt moyen Avantages Inconvénients
Concessionnaire (promo VÉ) 2,99% – 4,99% Application simple et rapide, rabais combinés. Souvent pour des durées limitées, conditions strictes.
Prêt vert (Ex: Desjardins) 5,99% – 7,49% Peut inclure le financement de la borne, flexible. Taux généralement plus élevé que les promos.
Prêt bancaire traditionnel 6,49% – 8,99% Possibilité de préapprobation, pouvoir de négociation. Taux moins compétitifs, frais administratifs possibles.

Mon conseil de pionnier ? Ne signez rien sur place. Les taux promotionnels des concessionnaires sont souvent les plus bas, car les manufacturiers les subventionnent pour stimuler les ventes. C’est souvent la meilleure porte d’entrée. Cependant, prenez toujours le temps d’obtenir une préapprobation de votre banque ou de votre caisse populaire. Cela vous donne un pouvoir de négociation énorme. Si le concessionnaire ne peut pas battre le taux de votre banque, vous avez une solution de rechange solide. Magasinez votre financement comme vous magasinez votre voiture.

À retenir

  • La perte d’autonomie hivernale est une donnée physique gérable avec une bonne stratégie de préconditionnement, ce n’est pas une fatalité.
  • L’investissement initial dans une borne de niveau 2 et, si nécessaire, dans la mise à niveau de votre panneau électrique, est la véritable clé des économies à long terme.
  • Lors de l’achat d’un VÉ, surtout d’occasion, la vérification de l’état de santé de la batterie (SOH) et le magasinage de votre prime d’assurance sont des étapes aussi cruciales que le choix du modèle.

Pourquoi votre prime d’assurance auto augmente-t-elle même sans accident ?

Voici le dernier point, celui que peu de vendeurs abordent, mais qui peut vous coûter cher : l’assurance. Vous avez fait tous vos calculs, l’économie de carburant est alléchante, mais vous recevez votre première soumission d’assurance pour votre nouveau VÉ et c’est la douche froide. La prime est significativement plus élevée que pour votre ancienne voiture à essence. Et ce, même avec un dossier de conduite impeccable. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène, et ils sont tous exacerbés par l’hiver québécois.

Premièrement, la valeur à neuf des VÉ est plus élevée. Deuxièmement, le coût des réparations est astronomique. La technologie embarquée (radars, capteurs, caméras) coûte une fortune à remplacer et à calibrer. Surtout, la batterie, située sous le plancher, est vulnérable aux impacts avec les blocs de glace qui jonchent nos routes. Un choc qui semblerait anodin peut entraîner une facture de plusieurs milliers de dollars. Le témoignage d’un propriétaire de VÉ illustre ce risque de manière frappante.

L’hiver dernier, un impact mineur sur le soubassement gelé a coûté 8000$ en réparations. Ma prime d’assurance a augmenté de 35% même si ce n’était pas ma faute.

– Jean Groulx, propriétaire d’une Mustang Mach-E

Face à cette réalité, les assureurs sont frileux et augmentent les primes pour couvrir ce risque accru. La bonne nouvelle, c’est que vous n’êtes pas impuissant. Il existe des stratégies concrètes pour faire baisser cette facture et prouver à votre assureur que vous êtes un conducteur à faible risque.

  • Installez un système télématique : De nombreux assureurs offrent des rabais substantiels (jusqu’à 25%) si vous acceptez d’installer un dispositif qui analyse votre conduite (accélérations, freinages, heures d’utilisation).
  • Choisissez des pneus d’hiver homologués : Le pictogramme de la montagne et du flocon de neige est non seulement une obligation légale, mais il peut aussi vous valoir un rabais de 5% chez certains assureurs.
  • Stationnez dans un garage : Si possible, un garage chauffé protège la batterie et réduit le risque de bris liés au froid, ce que les assureurs apprécient.
  • Magasinez et comparez : Ne vous contentez pas de votre assureur actuel. Les modèles de calcul varient énormément d’une compagnie à l’autre. Une prime peut être 30% moins chère au Saguenay qu’à Montréal pour le même véhicule et le même conducteur.

Passer à l’électrique au Québec n’est pas une décision à prendre à la légère, mais ce n’est pas non plus la montagne insurmontable que certains décrivent. Après une décennie au volant de ces véhicules silencieux et performants, je peux vous l’affirmer : la clé est la préparation. En abordant stratégiquement les questions de l’autonomie, de la recharge domestique, des finances et de l’assurance, vous transformez l’appréhension en confiance. Votre premier hiver ne sera pas une épreuve de survie, mais la première saison d’une nouvelle façon de conduire, plus économique, plus agréable et parfaitement adaptée à notre climat. Pour commencer dès aujourd’hui, la prochaine étape logique est de réaliser l’audit de votre propre situation : évaluez votre panneau électrique et demandez des soumissions d’assurance pour le modèle de VÉ qui vous intéresse.

Questions fréquentes sur la survie en VÉ l’hiver au Québec

Qu’est-ce qu’un bon SOH pour un VÉ d’occasion ayant passé plusieurs hivers québécois?

Un SOH (État de Santé de la batterie) de 85-90% après 3 ans est considéré comme normal et sain. Si le SOH est en dessous de 80%, il est fortement recommandé de négocier une réduction significative du prix ou simplement d’envisager un autre véhicule.

Comment les cycles de recharge par grand froid affectent-ils le SOH?

Les recharges rapides fréquentes (BRCC) par temps très froid, c’est-à-dire en dessous de -20°C, peuvent accélérer la dégradation de la batterie. On estime que cette pratique peut augmenter la dégradation de 5 à 10% par rapport à une utilisation normale privilégiant la recharge lente à domicile.

Quelles applications utiliser pour vérifier le SOH au Québec?

Pour vérifier vous-même le SOH, vous pouvez utiliser des applications spécialisées avec un lecteur OBD2. Les plus populaires au Québec sont LeafSpy pour la Nissan Leaf, ABRP (A Better Routeplanner) qui donne des estimations pour les Tesla, et Car Scanner ELM OBD2 qui est compatible avec la plupart des autres modèles. Certains concessionnaires offrent également ce service lors d’une inspection pré-achat.

Rédigé par Isabelle Roy, Ingénieure électrique spécialisée en électromobilité et infrastructures de recharge. Experte en véhicules électriques (VÉ), autonomie hivernale et technologies vertes.